Bonjour à tous, ça fait très longtemps que je n'avais rien posté (ni rien à montrer).
Comme beaucoup de membres de ce forum, je me suis lancé dans la réalisation de mon établi. J’en avais marre de mes machins de quincaillerie premier prix, frêles et légers.
Je vous partage ici les débuts et les réflexions en cours.
Je me suis inspiré de plusieurs projets déjà présentés ici, rien de très novateur.
Je pensais en parler une fois terminé. Finalement, ce sera au fur et à mesure, surtout pour parler des galères rencontrées en cours de route. Ça en fera sourire plus d’un et ça permettra peut-être à d’autres d’éviter les mêmes erreurs.
Quelques souhaits :
- lourd, donc avec des roulettes pour pouvoir le mettre au milieu du garage ! (et j’ai bien repéré ça : viewtopic.php?p=353797#p353797 )
- avec des pieds réglables (sol pas plan)
- avec des fosses « fourre-tout » pour poser des outils
- idéalement une presse (mais la réflexion n’a pas encore abouti)
- peut-être un valet et des bench-dogs aussi
- des tiroirs fermés (marre de la poussière partout)
- pas trop cher
- en ligne avec les capacités de mon outillage : un combiné Kity K5, riquiqui avec une table de dégau de 35cm en entrée, autant en sortie, et la fonction rabot qui peut s’ouvrir de 10cm maximum. Le tout avec des fers de 150mm de large. Autant dire, un jouet !
Pas facile de trouver du bois de menuiserie dans mon coin, je n’ai pas de stock, et pas de bon filon. Je vais partir sur du pin. Ce n’est pas l’idéal pour un établi, mais j'en trouve en GSB ça permet de contenir le budget. Je pensais me tourner vers des bastaings comme certains membres du forum, mais c'était trop large (17,5cm) pour ma dégau de 15cm.
Je me suis finalement rabattu sur des poteaux 7x7x240cm. L’établi fera donc à peu près 240cm de long. Comme les poteaux sont chanfreinés et verdâtres (traitement autoclave), on fait une longue séance de dégau/rabot avec des servantes à rouleau et en soutenant le bois à la main.
Au final, j’arrive à des carrés de 64x64mm (et 300 litres de copeaux) : Conseil : prenez le temps de bien choisir vos poteaux, quitte à vider une demi-palette (et rangez tout à la fin). C’est une évidence, mais avec une table de dégau aussi courte que la mienne, il vaut mieux démarrer sur du bois déjà bien droit. Soyons clairs, on n'est pas à construire une pergola tordue. J’ai donc préféré des poteaux très droits plutôt que des poteaux avec peu de nœuds.
Conseil : La sève, ça encrasse sévère. Nettoyez les fers et rouleaux de servante avec un coton + alcool à bruler pour retirer les traces de sève,
Premier placement à blanc, et serrage de l'ensemle. On voit mes marquages : "." et "|" sont les deux premières faces à 90°, "+" est la face "jolie" qui sera sur le dessus du plateau. Je réaligne tout, je fais une première coupe "propre" qui me servira de point "zéro" et je marque et numérote à nouveau la face qui sera sur le dessus. Le plateau étant trop épais pour ma scie circulaire, j'ai dû le retourner... tout seul. Ça m'a donné l'occasion de le faire tomber, la faute à un point d'appui trop près du bord d'un tréteau. Le premier objectif est atteint : l'établi sera lourd
Ensuite, des trous, plein de trous et des épaulements, pour des tourillons et des tiges filetées qui traverseront l'établi.
Là, j'avoue, ça a été très pénible, je me suis fait des noeuds au cerveau pour les tourillons. Je n'ai qu'un gabarit ancestral en lequel je n'ai pas trop confiance. J'ai donc TOUT tracé le plus minutieusement possible avant de régler la perceuse à la colonne avec la règle d'or suivante : en ne déplaçant jamais l'étau, les trous seront toujours alignés.
Ça partait d'un bon principe mais sur certains trous, la pointe de ma mèche n'était pas exactement sur mes tracés. Je n'ai pas compris tout de suite mais j'ai estimé que le tracé était raté puisque je n'avais pas touché à l'étau. Conseil : comptez bien vos tourillons AVANT de commencer le collage, parce que vous n’aurez pas le temps d’aller en GSB en urgence. Ça vous permettra aussi de mettre de côté les tourillons mal calibrés (ou rangés dans le même sac par mégarde). Un perçage sans trop de marge, un tourillon trop long, et c’est le drame. Ensuite, on tourillonne, on encolle, et on presse. Avec des cales matyres parce que ce premier collage est décisif et que j'ai bien bien serré. Je suis content parce que mes tourillons sont tous bien en face les uns des autres. C'est après desserrage, en vérifiant la planéité approximative du plateau, que j'ai compris l'origine des petits écarts de tracés de tourillons : mon plateau est un peu creux.
L'origine vient tout droit du corroyage de départ. Passer des poteaux de 2m40 sur une table dégau de 35cm, c'est gonflé. Espérer avoir la seconde face à 90°pile-poil sur toute la longueur, c'est de l'insolence. Résultat, mes carrés de départ, ils sont un peu en parallélogramme, d'où la courbure du plateau. Courbure qui m'embête bien pour usiner une alèse de bout d'établi
Parce que évidemment, trop content de sortir la défonceuse, j'ai commencé l'usinage du tenon de bout de plateau... Et bien ça na pas raté : il est courbe aussi
Dans l'histoire, les tourillons auraient effectivement dû être pile sur mes tracés, alors que là, ils me créent des désaffleurs un peu partout. C'était ce que je redoutais avec les tourillons, et bien j'y ai eu droit.
Si c'était à refaire, je ferais sans tourillons, en gardant uniquement les tiges filetées dans des trous un peu lâches. Ça m'aurait permis de corriger les désaffleurs en tapotant deci-delà.
J'ai peut-être aussi serré trop fort, d'où un phénomène de flambage du plateau. Autre erreur, je n'ai pas mis de contrainte façon sandwich pour empêcher cette déformation
Conseil (que j’ai vu sur ce forum après avoir fini de tout coller) : alternez le sens des fibres pour que le plateau reste globalement plan quand il y aura des variations d’hygrométrie. Ça peut aussi compenser les carrés pas tout à fait carrés. Moi, j’ai regardé uniquement l’aspect esthétique : les gros nœuds et éclats sont en dessous.
Bon, c'est rageant, mais pas trop. J'avais de toute façon prévu de surfacer le plateau à la fin. Je ferai plus de poussière que prévu initialement.
Quelques points de satisfaction tout de même :
- il n'y a aucun interstice entre tous mes collages à plat champ
- la largeur du plateau est de 70,2cm d'un côté et 70,3cm de l'autre côté. Un défaut de 1mm sur 2m40 de long, moi ça me va !
En utilisant déjà mon plateau pour travailler, c'était bien pratique de pouvoir caler un serre joint. Je pense donc mettre le tablier en retrait de 6 ou 7 cm. Je ne sais pas trop si ça peut gêner pour une future presse latérale. Au passage, j'ai déjà donné un coup de scie dans le tablier. Je suis bien content d'avoir utilisé du pin à pas cher. Ça m'aurait bien mis en rogne de faire un accroc dans du hêtre
Pour l'assemblage des pieds et du tablier, je pense faire ça : (Visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=OJ8V_rzwxh0 )
Je prévois de réduire l'épaisseur des poutres du tablier (bleu et orange) au niveau de l'emboitement dans le pied (en rouge/marron) :
- ça rajoute une sorte d'épaulement qui renforce l'équerrage
- si je ne le fais pas, je trouve que les "pattes" du pied seraient trop fines et cassantes
C'est tout pour le moment, j'ai été long, j'avais pas mal de choses à partager, j'aurais dû poster plus tôt.
Tous vos commentaires et questions seront les bienvenus.