Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

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Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par FWD »

Salut à tous,

Petits retour comme entamé l'an dernier je poursuis mes démarches pour quitter mon job actuel. ça prend du temps car je suis hyper sélectif dans les annonces auxquelles je postule.

Pour remettre dans le contexte, j'avais envisagé une reconversion en menuiserie que j'ai finalement abandonnée après avoir rencontré les divers organismes pour une raison simple ==> la menuiserie ne paye pas assez (à moins de se spécialiser dans la pose chose qui ne m'intéresse pas)
Mais ça on s'en fou.

J'ai donc postulé à plusieurs offres d'emploi avec toujours le cahier des charges suivant:

-Contrat cadre 35h. Surtout pas de forfait jour on te fait croire que c'est avantageux, tu parles en 10 ans j'ai jamais fais moins de 40 heures, très souvent plus de 50 et une moyenne de 45h et c'est que le présentiels au boulot, sans parler des soirs/week-ends ou j'ai encore bossé chez moi pour mon patron. Bah oui l'usine c'est son bébé il est passionné par son boulot donc il y consacre sa vie néglige sa femme et sa famille. En soit ça ne me dérange pas chacun fait comme il l'entend, mais tu n'attends pas la même chose de tes collaborateurs.
==> Quand tu bosses pour toi, c'est pas dérangeant de faire 70h mais quand c'est pour un patron, dans un job qui ne
t'éclates pas du tout tu veux juste ton salaire.
-peu voir pas de déplacement sur plusieurs jours
-pas dans l'industrie

L'objectif étant de me dégager du temps, pouvoir rentrer sans être cramé tous les jours afin de développer ma micro entreprise qui est mon moment de motivation dans la journée tout en gardant une certaine sécurité financière pour payer mon prêt et répondres aux besoins de ma petite famille :D .

Ce qui m'a choqué pendant les quelques entretiens que j'ai eu, c'est le nombre de jeunes, (des ingénieurs et autre gros diplômes dans le domaine industriel) qui fuient l'industrie c'est un truc de dingue. Certain n'ont même pas encore finis leurs études et après 6 mois de stage dans une usine ils veulent déjà quitter le domaine pour lequel ils sont entrain de se former :shock:
Moi j'en ai marre de l'industrie mais j'ai tenu 14 ans au moins :D

Plus je vois les années qui passent, plus j'ai l'impression que tous les avantages sociaux pour lesquels nos parents et grands parents se sont battus, disparaissent. Ca m'étonnerais même pas qu'après le projet retraite un projet de retour au 39h nous tombe dessus (demande du MEDEF) bah oui vue que les usines ne trouvent plus personne pour bosser on va faire bosser encore plus ceux en poste...

Vous observez le même phénomène dans vos boulots?
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oliver67
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par oliver67 »

Ben non. On va faire appel a l'immigration qui acceptera sans condition les bas salaires.
Alcoolisme.
Celui qui se fait prendre en Iran, y raque !
Coluche.
lamouette
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par lamouette »

A vrai dire j'ai des retours de gens dans divers domaines, transport , petite industrie, hopitaux , commerces , restauration.... et ça en revient souvent à ce que tu expliques .
En premier c'est le manque de reconnaissance , les ambiances pourries, les gens qui se tirent dans les pattes, un encadrement sans queue ni tête .
Il n'y a pas que les jeunes qui en ont marre.
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par FWD »

lamouette a écrit : 02 févr. 2023, 09:41 A vrai dire j'ai des retours de gens dans divers domaines, transport , petite industrie, hopitaux , commerces , restauration.... et ça en revient souvent à ce que tu expliques .
En premier c'est le manque de reconnaissance , les ambiances pourries, les gens qui se tirent dans les pattes, un encadrement sans queue ni tête .
Il n'y a pas que les jeunes qui en ont marre.
Je sais pas vers où on va, mais les entreprises (tout secteurs confondus) n'ont pas l'air de se remettre en question. Ils se cachent derrière des vidéos de recrutement et autre méthodes atractives pour faire moderne et attirer. Mais une fois en poste c'est la même merde
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BZHades
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par BZHades »

C'est marrant, je suis un peu dans le même cas que toi : cadre, 15 ans de turbin, et envie de lever le pied. Je confirme, j'ai toujours fait largement plus que 40h, après, c'est une habitude, et je pense que j'aurai du mal à descendre en dessous sans avoir l'impression de "voler" mon salaire.
Je suis arrivé à un équilibre à mon sens : 8h au taf pour départ vers 18h30, avec parfois des coups de bourre à 19-20h, mais globalement, 45h par semaine. Ca me parait globalement pas mal au vu de mon salaire et de mes responsabilités.

Je bosse depuis une quinzaine d'années dans le bâtiment, et l'impression générale est que c'est de mal en pis. Je vais peut être faire mon vieux réac, mais même si je suis le premier à dire qu'il faut réussir à concilier vie perso et vie pro, il faut aussi intégrer qu'il faut faire des choix. Si tu veux un super poste avec un gros salaire, malheureusement, ça va de paire avec responsabilités (donc tracas qui te suivent en dehors du taf) et horaires à rallonge. Si tu veux être peinard, avec "juste" tes heures à faire sans te prendre la tête... bah c'est moins payé, ce qui est aussi assez logique.

Je ne dis pas qu'il faut forcément se tuer à la tâche, je rappelle juste qu'on n'a rien sans rien.

A ce titre, j'admire les entrepreneurs qui se démènent pour leur boite sans compter leurs heures ou leur peine, et je trouve ça tout à fait normal qu'ils gagnent bien leur vie. J'ai fais des choix autres car je considère que je veux pouvoir profiter de ma femme et ma famille dès à présent sans avoir à attendre la retraite.

Maintenant, il faut prendre en compte la réalité économique d'une entreprise, et accepter qu'on ne peut pas tout avoir.

Les points que je constate bien souvent :
- Les jeunes veulent bien souvent un poste que leurs ainés ont mis des années avant d'atteindre, idem pour le salaire... alors que ça va de paire avec l'expérience et le savoir faire. Commence par faire tes preuves, et on voit ensuite. Un bon ouvrier, on se l'arrache de toute manière.
- Le coté "dur" du métier ne passe pas. C'est sûr que couler du béton en hiver quand il pleut, c'est pas le plus agréable, mais ça fait aussi partie du métier. Idem quand tu dois faire de la manutention, c'est pas le plus valorisant, mais c'est nécessaire.
- Il y a une négligence des horaires impressionnante (ce qui est particulièrement pénible lorsqu'il s'agit d'un travail d'équipe)
- Les compétences s'acquièrent doucement, et les nouveaux arrivants ont l'impression d'être les rois du monde et de savoir mieux que les autres.

Je fais peut être mon vieux c*n, mais je constate une perte claire de compétences, de motivation et des difficultés de recrutement dans tous les corps de métier.

J'ai le beau rôle de critiquer alors que je suis cadre, que je bosse globalement en bureau etc. mais au début notamment, j'étais à 7h sur le chantier pour le briefing de la journée, je repartais rarement avant 19h-20h avec un sandwich devant l'ordi le midi (une fois que j'ai terminé de gérer les compagnons, il reste tout l'administratif, la préparation du lendemain, les commandes de matériel/matériaux à faire etc.).
J'avais calculé qu'au taux horaire j'étais payé largement moins que le smic.
Je ne m'en plains pas, j'ai adoré ces années de chantier, j'ai vécu des choses formidables et créé des liens avec des personnes qui ne se créent justement que dans la difficulté.
Ca fait aussi parti de la voie que j'ai choisis.
De même que les amis médecin qui bossent à l'hôpital acceptent d'avoir des gardes le soir et weekend. C'est dur, mais ça fait partie du métier.

Les causes sont multifactorielles, mais les réseaux sociaux ont à mon sens aggravé le problème : on veut y paraitre sous son meilleur jour, montrer qu'on est beau, riche, intelligent, bref, épater la galerie. Je pense notamment à quelques youtubeurs que je regarde (Notabene, la folle histoire, ATE, JDG etc.) : ont voit toujours des reportages magnifiques dans des lieux géniaux, avec des personnes sous leur meilleur jour... sans jamais montrer les galères qu'ils ont rencontré avant de trouver leur audience, les difficultés pour produire tel ou tel reportage, les passes d'armes avec des avocats pour des broutilles etc.
On a l'impression que tout est facile quand on voit le résultat final... sans comprendre que pour en arriver là, les gens ont déployé des trésors d'ingéniosité, trimé, sué, galéré.
Du coup, on se dit que c'est facile, et on se prend une grosse claque quand on se rend compte de ce qu'il y a derrière.

Le plus gros problème, c'est pas tant la pénibilité que le manque de reconnaissance et l'équilibre général du monde du travail. Je trouve honteux que des gars qui triment toute la journée avec des métiers durs, soient payés à peine plus que le smic, quand on a un paquet de ce que j'ose qualifier de parasite, touchent des salaires mirobolants pour des prestations qui n'apportent rien à la société (notamment dans la finance, le conseil et une partie des métiers de bureau)

Il serait surtout utile d'indexer le salaire sur l'apport à la société humaine plutôt que le pur capitalisme : une aide à domicile, un enseignant, un chercheur, un pompier apportent à mon sens bien plus à l'humanité qu'un footballeur, un influenceur beauté ou un trader. (j'en profite pour passer un bon coup de gueule : on voit souvent les gens critiquer les patrons des grandes entreprises qui gagnent des millions... mais ces même personnes dépensent des fortunes pour aller au stade voir quelques personnes courir après une balle... et gagner en une semaine autant qu'eux en une vie de labeur. C'est marrant comme devenir capitaine d'industrie attire les critiques, quand l'autre vend du rêve... alors qu'objectivement, je pense que l'industriel créé bien plus de valeur ajoutée que le sportif)

Alors oui, les "avantages" sociaux sont en dangers, mais je suis assez pessimiste en considérant qu'on aura clairement moins de chances que nos parents, avec une crise climatique et une insouciance qui a disparu qui vont nous obliger à vivre différemment, avec sans doute moins de confort. Mais c'est aussi l'occasion de réinventer la société en mettant peut être fin à des pratiques qui sont devenues intolérables.
C'est sciant que Léonard de Vinci

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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par FWD »

BZHades a écrit : 02 févr. 2023, 12:24 C'est marrant, je suis un peu dans le même cas que toi : cadre, 15 ans de turbin, et envie de lever le pied. Je confirme, j'ai toujours fait largement plus que 40h, après, c'est une habitude, et je pense que j'aurai du mal à descendre en dessous sans avoir l'impression de "voler" mon salaire.
Je suis arrivé à un équilibre à mon sens : 8h au taf pour départ vers 18h30, avec parfois des coups de bourre à 19-20h, mais globalement, 45h par semaine. Ca me parait globalement pas mal au vu de mon salaire et de mes responsabilités.

Je bosse depuis une quinzaine d'années dans le bâtiment, et l'impression générale est que c'est de mal en pis. Je vais peut être faire mon vieux réac, mais même si je suis le premier à dire qu'il faut réussir à concilier vie perso et vie pro, il faut aussi intégrer qu'il faut faire des choix. Si tu veux un super poste avec un gros salaire, malheureusement, ça va de paire avec responsabilités (donc tracas qui te suivent en dehors du taf) et horaires à rallonge. Si tu veux être peinard, avec "juste" tes heures à faire sans te prendre la tête... bah c'est moins payé, ce qui est aussi assez logique.

Je ne dis pas qu'il faut forcément se tuer à la tâche, je rappelle juste qu'on n'a rien sans rien.

A ce titre, j'admire les entrepreneurs qui se démènent pour leur boite sans compter leurs heures ou leur peine, et je trouve ça tout à fait normal qu'ils gagnent bien leur vie. J'ai fais des choix autres car je considère que je veux pouvoir profiter de ma femme et ma famille dès à présent sans avoir à attendre la retraite.

Maintenant, il faut prendre en compte la réalité économique d'une entreprise, et accepter qu'on ne peut pas tout avoir.

Les points que je constate bien souvent :
- Les jeunes veulent bien souvent un poste que leurs ainés ont mis des années avant d'atteindre, idem pour le salaire... alors que ça va de paire avec l'expérience et le savoir faire. Commence par faire tes preuves, et on voit ensuite. Un bon ouvrier, on se l'arrache de toute manière.
- Le coté "dur" du métier ne passe pas. C'est sûr que couler du béton en hiver quand il pleut, c'est pas le plus agréable, mais ça fait aussi partie du métier. Idem quand tu dois faire de la manutention, c'est pas le plus valorisant, mais c'est nécessaire.
- Il y a une négligence des horaires impressionnante (ce qui est particulièrement pénible lorsqu'il s'agit d'un travail d'équipe)
- Les compétences s'acquièrent doucement, et les nouveaux arrivants ont l'impression d'être les rois du monde et de savoir mieux que les autres.

Je fais peut être mon vieux c*n, mais je constate une perte claire de compétences, de motivation et des difficultés de recrutement dans tous les corps de métier.

J'ai le beau rôle de critiquer alors que je suis cadre, que je bosse globalement en bureau etc. mais au début notamment, j'étais à 7h sur le chantier pour le briefing de la journée, je repartais rarement avant 19h-20h avec un sandwich devant l'ordi le midi (une fois que j'ai terminé de gérer les compagnons, il reste tout l'administratif, la préparation du lendemain, les commandes de matériel/matériaux à faire etc.).
J'avais calculé qu'au taux horaire j'étais payé largement moins que le smic.
Je ne m'en plains pas, j'ai adoré ces années de chantier, j'ai vécu des choses formidables et créé des liens avec des personnes qui ne se créent justement que dans la difficulté.
Ca fait aussi parti de la voie que j'ai choisis.
De même que les amis médecin qui bossent à l'hôpital acceptent d'avoir des gardes le soir et weekend. C'est dur, mais ça fait partie du métier.

Les causes sont multifactorielles, mais les réseaux sociaux ont à mon sens aggravé le problème : on veut y paraitre sous son meilleur jour, montrer qu'on est beau, riche, intelligent, bref, épater la galerie. Je pense notamment à quelques youtubeurs que je regarde (Notabene, la folle histoire, ATE, JDG etc.) : ont voit toujours des reportages magnifiques dans des lieux géniaux, avec des personnes sous leur meilleur jour... sans jamais montrer les galères qu'ils ont rencontré avant de trouver leur audience, les difficultés pour produire tel ou tel reportage, les passes d'armes avec des avocats pour des broutilles etc.
On a l'impression que tout est facile quand on voit le résultat final... sans comprendre que pour en arriver là, les gens ont déployé des trésors d'ingéniosité, trimé, sué, galéré.
Du coup, on se dit que c'est facile, et on se prend une grosse claque quand on se rend compte de ce qu'il y a derrière.

Le plus gros problème, c'est pas tant la pénibilité que le manque de reconnaissance et l'équilibre général du monde du travail. Je trouve honteux que des gars qui triment toute la journée avec des métiers durs, soient payés à peine plus que le smic, quand on a un paquet de ce que j'ose qualifier de parasite, touchent des salaires mirobolants pour des prestations qui n'apportent rien à la société (notamment dans la finance, le conseil et une partie des métiers de bureau)

Il serait surtout utile d'indexer le salaire sur l'apport à la société humaine plutôt que le pur capitalisme : une aide à domicile, un enseignant, un chercheur, un pompier apportent à mon sens bien plus à l'humanité qu'un footballeur, un influenceur beauté ou un trader. (j'en profite pour passer un bon coup de gueule : on voit souvent les gens critiquer les patrons des grandes entreprises qui gagnent des millions... mais ces même personnes dépensent des fortunes pour aller au stade voir quelques personnes courir après une balle... et gagner en une semaine autant qu'eux en une vie de labeur. C'est marrant comme devenir capitaine d'industrie attire les critiques, quand l'autre vend du rêve... alors qu'objectivement, je pense que l'industriel créé bien plus de valeur ajoutée que le sportif)

Alors oui, les "avantages" sociaux sont en dangers, mais je suis assez pessimiste en considérant qu'on aura clairement moins de chances que nos parents, avec une crise climatique et une insouciance qui a disparu qui vont nous obliger à vivre différemment, avec sans doute moins de confort. Mais c'est aussi l'occasion de réinventer la société en mettant peut être fin à des pratiques qui sont devenues intolérables.
Il y a ça et l'effet à toujours faire plus de pognon.

Mon quotidien en tant qu'ingénieur indus, automatiser, dire à des gens que je vais améliorer leur boulot en automatisant des tâches dites pénibles, alors que c'est complètement faux, la direction s'en contrefou de l'opérateur tant qu'il se met pas en arrêt ou qu'ils n'ont pas le syndicat sur le dos. Après automatisation l'opérateur se retrouve juste dans une ligne travail à la chaîne peu stimulant (la ou il avait une dizaine de taches à faire avant, après autom il en a plus que 4 à faire à la chaîne) et ça à cadence élevée, stress important, le corps on en parle même pas mon secteur est très manuel (du montage) travailler à la chaine dans ces conditions ton corps est foutu 10-20 ans plus tard à cause des cadences. Aucune reconnaissance, les objectifs de production sont sans arrêt augmenté alors que l'outil qui permet de les atteindre n'évolue pas ==autrement dit on tire sur les gens. Quand j'étais tout frais sorti d'école ça me plaisait mettre des robots partout. Maintenant que j'ai pris de la bouteille éthiquement ça me pose problème.

Dans le sens ou la machine doit être aux services de l'homme et non l'inverse.

Chez nous les gens sont fliqués de partout. S'il s'arrêtent de bosser 5 minutes de plus, qu'ils vont aux chiottes, se chercher un café, même si ils ont réussi à atteindre leur prod bah ils se font défoncer.

Dans les années 90, les gens recevaient des primes de production quand ils faisaient plus, soit sous forme de salaire supplémentaire, soit transformé en heure de récup.

Aujourd'hui plus rien de tout ça.

Quand on fait un avant projet en impliquant les opérateurs, tout est déjà décidé, il faut les convaincre plutôt que des les écouter eux qui ont l'expertise car ils travail au poste pendant 8h. J'ai essayé de changer cette façon de faire, de faire un projet avec les gens, pour les gens et que je puisse faire mon boulot d'ingénieur en leur donnant l'outil pour atteindre leurs objectifs. Et le pire on y est arrivé. Mais je me suis fais défoncer par la direction "car ma façon de faire ne convenait pas", ils ont augmentés les objectifs de 20% et maintenant les gens n'y arrivent plus tout le monde est dégouté.

L'homme n'est plus au centre c'est juste devenu de la chaire à canon qui doit crasher des pièces pour aucun remerciement. Face à ce constat ça ne m'étonne qu'à moitié que l'implication des gens disparait. :cry:
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par Eataine »

Et c'est là qu'on se rend compte que "le libéralisme" c'est uniquement à sens unique. Car en principe, ce qui est rare fait augmenter les prix... mais ça ne s'applique pas pour les salaires: on ne trouve pas de main d'oeuvre, pour les diverses raisons citées plus haut, mais on ne propose pas de salaires plus attrayants ou de conditions de travail plus dignes. Non, "on" se contente de blâmer ces fainéants qui devraient être bien content qu'on leur paie un salaire de misère en échange de leur travail...
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par Jipeka »

Ce que je constate aussi, c'est que nous avons de moins en moins de métier, mais de plus en plus de job, et ça fait une énorme différence.

Un métier va t'amener une richesse intérieur, une passion, des responsabilités, une transmission, des valeurs, etc...

La ou un job, tu suis la procédure et tu te tais.

Et c'est ça aussi je pense qui fait mal aux jeunes, en faisant des jobs, nous ne sommes plus qu'un rouage d'une grand machinerie : y'a qu'à voir dans les grandes usines qui fabriquent des châssis. Yen a un qui met le sillocone, un qui met les vitres, un qui transporte, etc...

En réalité le monde du travail est en train de devenir hyper divisé, la ou avant j'ai l'impression qu'on touchait un peu plus à tout

Mais ce n'est que mon avis du haut de mes 28 ans
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par Jipeka »

Je suis pas tout à fait d'accord avec toi et moi je vais faire mon jeune con

- Les jeunes veulent bien souvent un poste que leurs ainés ont mis des années avant d'atteindre, idem pour le salaire... alors que ça va de paire avec l'expérience et le savoir faire.

Mon grand père était un immigré sicilien, il est arrivé sans connaître la langue ni en ayant aucun diplôme. Et pourtant, il a vécu une époque de plein emploi, on l'a engagé tout de suite dans une entreprise de nettoyage

Ensuite, on la engagé tout de suite en tant que tourneur fraiseur, on a pris le temps de le former, et on trouvait des emplois à chaque coin de rue.

Ton emploi ne te plaisait pas ? Tu le quittais et on te formait à un autre


Aussi, il a pu se payer une maison assez "facilement" et sans devoir s'endetter sur 25 ou 30 ans.

Au niveau de la pénibilité, peut être qu'on veut pas couler du béton sous la pluie pour 1600 net, quant à côté d'autres gens roulent en grosse BMW pour enchaîner les réunions et brassés du vent (je caricature, mais je suis dans le monde ouvrier, et c'est comme ça qu'on pense aussi)

Pourquoi nous, qui sommes dehors, a se casser le dos, on gagne 1600, quand d'autres sont bien au chaud et ne font dans le fond rien de bien compliqué mais ils ont le diplôme, gagne 4 ou 5000 net ?
Dernière modification par Jipeka le 02 févr. 2023, 16:24, modifié 1 fois.
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par Jipeka »

C'est de extrapoler, bien sur que je serais incapable de faire le travail d'un architecte ou d'un ingénieur.

Mais y'a clairement ce qu'on appelle les "bullshit job" ou même le "bore-out", c'est l'inverse d'un burnout, on deprime parce qu'on a rien à faire au boulot, et y'en à un paquet

Bref, on se sent duper parfois
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par Jipeka »

Y'a qu'à voir la mentalité actuel pour les contrats

On te fait passer par l'intérim, puis on te fait des contrats de remplacement, puis des CDD, puis des CDI

Avant, c'était cdi direct
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par turricule »

C'est le modèle économique mondial: l'ultra-libéralisme. L'argent vaut plus que l'humain.

Ceux qui croient que les tenants du manche se soucient de "l'Humanité" sont encore plein d'illusions… Il faut bien comprendre quelle est sa place dans la société et qui sont nos ennemis.

En sachant que quand on dit aux gamins qu'ils font partie d'un système dont ils sont les acteurs, c'est bien sûr un mensonge éhonté.
Pas facile d'accepter qu'on est des esclaves pris au piège de l'argent, mais c'est pourtant le cas et c'est en prenant conscience de la vérité, si moche soit-elle, qu'on peut réfléchir à comment changer la donne.

Là où l'humain rentre en compte dans ce système: c'est ce que chaque individu est prêt à faire ou ne pas faire pour l'argent. Le travail ressemble de plus en plus à de la prostitution ; garder son froc n'est pas évident, mais perso je refuse de "sucer" pour de l'oseille. Et si je me sens pris pour un con, surexploité, je me casse.
Le problème de l'humain occidental actuel, c'est qu'il croit avoir "besoin" de toujours plus d'argent. C'est un formatage voulu par les tenants du manche (comme l'abrutisation des masses), et c'est le résultat qui est horrifiant: ça fonctionne, les humains deviennent ce qu'on (les acteurs de la machine) veut qu'ils deviennent: des abrutis conditionnés incapables de développer une pensée indépendante.

Jipeka, la lutte des classes n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan du "Diviser pour mieux régner" ;) ; je te comprends car je suis dans la même classe que toi, j'aurai aussi plein de choses à dire (sans énervement car à aucun moment je n'ai senti de manque de respect pour la classe ouvrière), mais il faut essayer de voir plus loin car le problème ce n'est pas les différences entre classes, c'est que nous n'avons aucun pouvoir de décision sur notre avenir, le problème c'est ce qui organise ces classes. Et c'est bien au dessus du cadre et de l'ouvrier.
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par lamouette »

Mais....je pense que ceux qui écrivent ici le savent déjà, turricule.
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par Amaury74 »

Je prends rarement part à ces conversations car je suis ici pour parler bois et voir ce que font les autres mais je dois dire que je suis plutôt d’accord avec Jipeka.

Je suis à mon compte depuis une décennie maintenant, j’ai eu 4 employés (pas en même temps , 1 par 1).
J’ai tjs voulu avoir des jeunes afin de transmettre mon savoir donc mes employés avait entre 18 et 23 ans.

Qu’est ce que je suis tombé de HAUT !!!
Excusez moi, je vais probablement en choquer plus qu’un mais les jeunes d’aujourd’hui ce ne sont qu’une bande de flemmard !!!! (Je généralise mais c’est quand même une grande majorité)

Ils veulent tout, tout de suite et sans effort.

Je proposais 1700€ net/mois ce qui je trouve est un bon salaire quand on débute (j’ai commencé au smic y’a 20 ans).

Certains ont tenu 2-3 mois puis me demandaient une augmentation 😳 car le coût de la vie en Haute Savoie est assez hallucinant donc c’était pas assez pour eux.
(Sur le fond c’est vrai mais on ne peux pas rivaliser avec les salaires Suisse, ce qui fait que mon département est très cher )

Un autre j’étais sans cesse derrière lui car il passait sa journée sur son téléphone (je ne les paye pas pour tchater sur Facebook ou je ne sais quoi d’autre)

Et le dernier, ça a été le pompon, j’ai ses parents qui m’ont appelé le soir car c’était inadmissible que leur fils (22 ans pour info) finisse 45 mn plus tard 👏👏👏
J’ai tenté de leur expliquer que je ne bossais pas dans un bureau et que je n’allais pas revenir sur un chantier le lendemain quand il ne me restait que 45 mn de boulot.

Du coup j’ai laissé tomber et j’ai pris une chienne avec moi, elle ne m’aide pas beaucoup car elle tire les branches à l’opposé du camion mais ça me fait de la compagnie.
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par lamouette »

Revenons plus de 50-60 ans en arrière, mon père a eu plus de 10 employés dans l'atelier de menuiserie-charpente. En ce temps là la couverture sociale était correcte, pas de soucis de paiement de retraites. Ca bossait dur sans pour autant être riche mais il y avait largement de quoi faire vivre la famille. Puis les années 70 et là ça a été le coup de bambou en charges , d'ailleurs on pourrait se demander pourquoi puisque le trou de la sécu arrive et les soucis de paiement de retraite plus tard, on rembourse moins les médicaments , les hopitaux disfonctionnent , les déserts médicaux, bref tout faux ensuite , plus cher et moins bon.
Ce n'était plus possible , il est passé progressivement à 2 ouvriers puis plus un seul.
Bravo la politique!
Dernière modification par lamouette le 02 févr. 2023, 18:04, modifié 3 fois.
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Message par turricule »

lamouette a écrit : 02 févr. 2023, 17:19 Mais....je pense que ceux qui écrivent ici le savent déjà, turricule.
Ah…dans ce cas pourquoi parlent-ils de leurs petites différences, problèmes "sociétaux", inquiétudes quant à l'avenir, solutions envisageables,…s'ils savent que le système est truqué. ;)

Si t'as vraiment conscience que t'es une dinde…t'étonnes pas qu'on te fourre. :mrgreen:

Beaucoup disent "Je sais", "Et alors", mais ils n'ont pas encore pris conscience, si c'était le cas ils réagiraient différemment .
On est des poulets dans un batiment d'élevage intensif qui discutons de qui a mangé le plus de grain, comment on peut tous avoir une bonne place,…
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Moi j'invite à regarder au-delà…
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par lamouette »

peut être coincés dans un système de crédit?
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turricule
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Message par turricule »

? Je vois pas le rapport…
lamouette, t'as le don pour faire parler pendant 10 pages :lol:
C'est mon 3ème post ici, je suis satisfais d'avoir pu exprimer mon avis, je m'éclipse et laisse la place aux autres ;)
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Jipeka
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par Jipeka »

Après je suis conscient que c'est un problème qui me dépasse intellectuellement, mais je donne quand même mon avis que je vois sur "le terrain"

Mais je sais que je ne sais rien.

Et ya proverbe qui dit : quiconque à des certitudes sur un sujet, ne l'a pas creuser suffisamment :D
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Ollaren
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Re: Vers un ras le bol des jeunes et rejet de l'industrie?

Message par Ollaren »

Vous êtes dur avec les jeunes, j'ai un jeune qui bosse avec moi (il a 21 ans, juste après son BAC pro menuiserie fabriquant il est entré dans la boite), franchement il en redemande, c'est loin d'être une petite feignasse.
A un point où il a une boule au genou (un citron au genou), il voulait pas arrêter, alors que le gamin n'arrive plus à dormir tant ça lui fait mal, j'ai du limite l'engueuler pour qu'il prenne son vendredi (demain donc) et qu'il fasse le necessaire pour une radio.


Pareil, y'a quelques semaines j'ai eu un stagiaire: 15 piges à ma charge, il suit une formation de menuisier agenceur, à part le fait que ce soit un gamin de 15 piges avec ce que ça implique, donc une claque derrière la tête pour remettre les 4 neuronnes en place! :mrgreen: Plus sérieusement il était volontaire et il veut revenir, alors oui, il te parle de trucs dont tu ne comprends plus rien... mais niveau boulot il demandait (jusqu'à que son prof passe, une fois la note obtenue il en branlait plus une (son dernier jour).

Dans mes anciennes boîtes de même (j'ai été le jeune aussi), j'ai jamais vu de jeunes "feignants" en 15 années de carrière, des casses couilles oui, mais des feignasses jamais!

Après, c'est le nord. A part le travail ici... :lol:

Maintenant quand mon paternel m'explique qu'en son temps, si la boutique voulait pas t'augmenter, celle d'en face te prenait, aujourd'hui à moins d'excercer un métier assez rare, c'est même pas la peine d'y penser.
Dernière modification par Ollaren le 02 févr. 2023, 19:47, modifié 1 fois.
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